Le collant fourbe
J'ai fourni un long travail de documentation , d'un clic, j'ai zieuté sur Wikipédia l'article sur le stress post-traumatique et ses symptômes. En voici quelques-uns , triés sur le volet:
"Hyperexcitation somatique (agitation, angoisse), syndrome de répétition (souvenirs récurrents intrusifs, cauchemars), dissociation (détachement) et évitement (anxiété situationnelle ou sociale). Ceci correspond à l’état de stress post-traumatique (ESPT)."
J'en subis certains. Oui, la loose que je m'apprête à dévoiler a été mal digérée. Oui, c'est encore un sujet très difficile à aborder pour moi. Oui, au moment où j'écris, ma main tremble et une larme de honte coule sur mon clavier.
Lorsque j'y repense, mes oreilles chauffent. Un rire faux et sans joie jaillit de ma bouche contractée en un rictus de terreur. Mon coeur boumboumise dans ma poitrine comme un épileptique. Mes jambes flageolent comme la fois où j'avais trop pédalé parce que je voulais impressionner Phédron et tenir la longueur autant que lui. "Je rougis, je pâlis", c'est le chaos émotionnel.
Bref, je suis traumatisée.
Toutefois, je souhaite faire preuve de courage et partager mon humiliante expérience afin que les femmes ayant également vécu cette tragédie sachent qu'elles ne sont pas seules. Que nous sommes unies par les liens de la honte.
J'ai encore beaucoup de mal à en parler sereinement. J'ai lu dans Psychologie magazine que dans ce cas, le dessin aidait à "verbaliser visuellement ses émotions". J'ai donc piqué les crayons de couleurs de ma voisine de cinq ans ( elle a peu pleuré mais c'est pour la bonne cause) et hop, j'ai "vomi métaphoriquement mon mal-être sur la feuille". Parenthèse: Chez psycho mag, ils sont trop forts question formulation.
Mais trêve de bavardage, autopsie d'une catastrophe:
Restaurant en tête-à-tête avec Amélie. On est entre filles mais pas question de se laisser aller. Jolie tenue, charmant make-up. Je vous passe le coup de l'auto-satisfaction. Apéro, entrée, vin, vin, vin, entrée...
On en est là quand ma vessie donne le signal d'un cessez-le-feu. Je me rends (sans tituber) aux toilettes: whouaaaaa! Ce sont des toilettes high-tech-japonais-option-lavage-séchage automatique de troufion! Hihihihi, je me régale! Hihihihihi, ça chatouille! Je lance le système au moins trois fois mais me calme net quand j'entends des coups impatients à la porte.
Rabat-joie.
Je sors et m'avance avec la grâce de la Queen d'England en direction de notre table. Je vois bien qu'Amélie est un peu interloquée: elle regarde les autres clients l'air surpris. Moi-même, j'entends glousser sur mon passage. Ça fait comme une ola de rires au fur et à mesure de mon cheminement.
Un client à côté de notre table m'a rapidement informé de la cause de cette hilarité:
Happée par la joie de la découverte du chiotte haute technologie, j'ai incidemment rentré ma jupe dans mon collant (ou plutôt mon traître de collant a mangé ma jupe).
J'ai passé le reste du repas a tenter de me cacher (derrière la carafe, la corbeille de pain, mon assiette, mon verre...) mais je voyais bien les petits coups d'oeil moqueurs des autres. Je n'ai jamais été aussi épanouie de voir une addition arriver.
J'ai filé en me promettant de mettre un pantalon la prochaine fois.
Voilà, vous savez tout...
Je me sens mieux. Je sens la vie revenir en moi après des années de souffrance. Je suis libérée de cette loose! Vive psyco mag!
Allez , vous qui avez aussi montré vos fesses au monde entier à cause d'un collant fourbe, levez les mains bien haut et chantez avec moi: "Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fortes!"
A très vite, bises!