De la conséquente souffrance d'être petite...
Oui, j'ai parfois beaucoup souffert du fait d'être de taille réduite... Surtout la fois où Olivier, un de mes amoureux de jeunesse, m'a donné rendez-vous sous le platane du collège sur lequel nous avions gravé : O + P = Love forever. Je pensais qu'il allait me demander en mariage, que je porterais son nom (même s'il était franchement inharmonieux), que nous cheminerions ensemble jusqu'au cimetière où nos squelettes reposeraient enlacés pour l'eternité... Mais c'était bien plus trivial que ça...
Heureusement que ma répartie fut fatale, donc ma dignité intacte.
Ceci dit, j'ai été extrêmement malheureuse: oui, je l'aimais (bien) ce garçon, même si de temps en temps, le matin, il avait des morceaux de croissant entre les dents.
Étudiante, mon estime grandissante pour ma petite taille a souvent été rudement mise à l'epreuve. Par exemple, en boîte de nuit où je me trouvais plongée dans une forêt de torses et d'aisselles plus ou moins odorantes. D'atroces dilemmes se présentaient alors à moi.
Maintenant que je suis adulte, je suis encore parfois confrontée à des situations embarassantes. Quand je vais chercher mes élèves, les surveillants ne me voient pas. D'ailleurs, quand un surveillant vient chercher le billet d'appel, il me cherche, puis baisse les yeux et soulagé, me trouve.
Ceci dit, la petitesse peut être tout de même prodigieuse. Et je mesure mes paroles. Je me demande d'ailleurs souvent pourquoi il n'existe pas d'interventions de chirurgie esthétique de réduction de taille. En effet, beaucoup de grandes femmes doivent avoir envie de rétrécir, ne serait-ce que pour deux raisons fondamentales : la glandouille et les habits.
Je m'explique:
Être de taille réduite permet une fainéantise discrète et justifiée. Un exemple tout frais. Nous avons l'intense joie d'avoir un cerisier dans notre jungle-non-entretenue dans notre jardin. Bien sûr, le truc relou, c'est qu'il faut s'emparer des cerises avant que les oiseaux ne les gloutonnent toutes (c'est un combat). Malheureusement , je n'ai pas l'âme colchique-dans-les-prés et faire tant d'efforts pour une récolte vaguement amère qu'on s'efforcera de qualifier de hautement délicieuse parce que c'est de chez nous me révolte. Et puis les cerises, ça me fait penser à Rousseau que je déteste. Mais là, hop, tel un chevalier, ma petitesse vient à mon secours, galopant sur le poney shetland de la paresse et mon argument fatal fuse tel un bouclier supersonique : "Je suis trop petite ! Je ne peux pas les ramasser. " J'ajoute une mine contrite et je me contente de les manger alors que l'Homme se contorsionne pour les choper.
Être de taille réduite permet aussi de Goldorakiser ses fringues: oui, comme notre héros du temps jadis, un vêtement peut se transformer ! Une tunique peut se porter en top ou en robe. N'est-ce pas merveilleux? Et que dire de ces immondes baskets que l'on met pour faire du sport (oui, je randonne, souvenez-vous!) : hop, shoppées au rayon enfant ! (Je n'allais tout de même claquer mes euros pour des... baskets , c'est indécent). Nous, les femmes de taille limitée, on peut se permettre les talons de 10 centimètres : on ne dépassera pas notre mec ou même pas de talons du tout pour bénéficier du tarif - de 12 ans au ciné ( il suffit de passer de dos et le tour est joué) (quoi, c'est pathétique ? Noooooooooooon...).
Je vous vois, femme de catégorie "taille normale" ou pire, taille gratte-ciel, sourire dédaigneusement mais je vous le jure, enlevez vos talons , mettez vous à quatre pattes s'il le faut and enjoy le plaisir d'être mini: vous verrez, c'est fun.
A très vite, bises !
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