Chiures et chaussures...
Il y a bien une loose qui ne passe pas par moi: c'est celle du fâcheux excrément de consistance molle tapi sur un bout de trottoir, attendant le nu-pied féminin avec une flegme et une insistance horripilantes. Celle du caca collant qu'une pauvre demoiselle essaye d'éradiquer en frottant son pied contre la chaussée tout en avançant, jouant au petit poucet version traînées marronâtres. Celle de la chiure qu'une jolie dame tente de noyer dans une flaque boueuse, ruinant ainsi la paire de bottes en daim qu'elle avait refusé d'imperméabiliser en boutique parce-que-hors-de-question-de-mettre-10-euros-en-plus-alors-qu'il-ne pleut-jamais-ici. Celle de la déjection qui s'est logée discrétos sous la semelle de l'ado stylée et qui parfume de sa suave senteur les 20 mètres carrés entourant la victime lorsque celle-ci s'assied en cours.
Bref: je suis une winneuse de la crotte depuis mes onze ans. Depuis ce jour fatal où j'ai côtoyé une bouse.
Beau dimanche de mai: Mon frère va sortir Charlie-le-chien et me supplie de l'accompagner. Grande âme, soeur généreuse, je lui dis oui. C'est l'occasion de mettre mes belles chaussures-vernies-à-brides que j'ai échangées à ma meilleure amie contre mes chaussures-roses-à-brides. (Nos parents nous autorisaient le roulement quand les pompes étaient en fin de vie). Je les ai longtemps convoitées. Je disais même à ma copine de les mettre en toutes occasions, histoire qu'elles vieillissent plus vite et que je les récupère fissa-fissa.(J'étais déjà fourbe à l'époque)
Nous voilà partis: Charlie tire sur la laisse et fonce tel un camion-remorque, traînant mon frère qui vole à moitié. Moi, je suis le mouvement en flânant, walkman aux oreilles, Take that à fond, rêvant de mon amoureux devant qui je vais crâner à mort dans mes sublimes sandales. Quand soudain: SPLOUASHHHHHHH... Je me noie dans une matière visqueuse. Je tombe dans un sable mouvant. Mon petit peton sombre dans les abîmes de la crottitude...Dans une BOUSE. Et oui... C'est la Bourgogne. La Bourgogne et ses vaches. La Bourgogne et ses monstrueuses défections bovines. Je baisse les yeux et me mets à pleurer (oui, je suis jeune à cette époque, pas encore endurcie par les loose). Je suis pétrifiée, mon pied aussi. Mon frère se retourne et éclate d'un rire sauvage:
"HAAA! Elle a marché dans un étron! Phédrétron! Phedrétron! "
Il se tord de rire . Même Charlie me regarde l'air joyeux. Il tire sur la laisse et vient sniffer la scène du crime avec délectation. Il me pousse même avec sa truffe, histoire d'analyser le sujet plus en profondeur.
Je décolle (difficilement) mon pied qui commençait à prendre racine et rentre à la maison en boitant/pleurant/insultant la bouse/maudissant mon frère, le chien, les sandales-vernies-à-brides, la vie.
Quand ma mère me voit débarquer, elle me console sans même avoir l'air de défaillir sous l'attaque de l'odeur nauséabonde. Elle est douce, ma mère. Un tour dans ses bras et le cauchemar merdesque prend fin. Mes sanglots s'estompent, je renifle, je renifle... HAAAA! Ça pue!!!!! Vite, que l'on me débarrasse de cette angoisse olfactive!
Ma mère attrape mes sandales-vernies-à-brides et les jette à la poubelle. Quoi? Même pas une tentative de nettoyage? Je suis outrée par tant de mépris! Mais je ne dis rien... trop peur qu'on me propose de les nettoyer moi-même... Je me recueille solennellement devant la poubelle. Adieu sandales-vernies-à-brides! Adieu, compagnonnes. Adieu mes précieuses... Mais? C'est l'heure du goûter au fait! Ruée sur le Savane avant que mon frère n'engloutisse tout!
Le chagrin des pieds enbousés a vite été oublié au profit de la dispute pour savoir qui se sifflerait le dernier quart de Savane. Ceci dit, cette aventure m'a instruite et m'a enseigné une règle fondamentale que je veux aujourd'hui partager généreusement avec vous. Elle tient en peu de mots:
TOUJOURS REGARDER SES PIEDS DANS LA RUE: certes, la loose du cognage dans un poteau se profile alors... Mais "c'est moins pire" que d'enfouir une Minelli dans de la cacoune, non?
Mais...Mais... Mais... Je me suis égarée, je voulais vous parler chaussures à l'origine. Mon cerveau voit la loose partout! Vite! Reprenons nous! Insufflons un peu de mode dans ces pages tristement honteuses.
Etant donné que je suis vigilante et que j'évite la loose caquesque, je peux collectionner les chaussures. Elles ne risquent pas de décéder prématurément, noyées dans une infâme mixture animale.Il faut bien habiller ça:
Bientôt la fin de l'hiver! On remise les bottes, qu'on avait choisies à talons et légèrement loose pour pouvoir les porter aussi bien avec un skinny ou une jupette: 
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Ou plates et camel, pour être à l'aise: 
On sort doucement de la froidure avec des boots plates toutes cool, associées à une jupe courte pour un look féminin-rock ou à un slim, tout simplement: 
Les talons de mi-saison pointent le bout de leurs orteils, version compensées pour les flippées-du-talon (je vous comprends, évitons la loose quand on le peut): 
ou version je-suis-à-l'aise-en-hauteur-je-cotoie-les-oiseaux-cui-cui:
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On peut être parfois confrontée à un cas d'urgence, comme une randonnée avec les élèves. Et là, c'est le drame, pas la moindre chouette basket illuminant ma tenue je marche-à-fond-les-ballons et faisant oublier que je souffle comme un boeuf en montant cette maudite côte? Mais si! Osons la fantaisie!
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La ballerine ensoleille le printemps (pour plus d'infos, voir l'article ballerinesque de Rose, spécialiste en la matière!):
: on dirait des petites souris!
Enfin les chaussures d'été avec ma nouvelle acquisition colorée:
à porter avec une jolie robe le soir ou un jean, version plus cool.
Mais l'été, c'est aussi creuser des trous dans la terre avec ALT, jouer à cache-cache avec ALT, se promener avec ALT et là, le talon n'est pas mon ami, alors le plat, oui, mais avec des spartiates colorées 
ou des nus-pieds simplissimes: 
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D'autres sont en cours d'acquisition: à suivre donc! Une seule règle: s'essayer à tous les syles (ceci exclut la chaussure Damart de mémé, bien sûr).
Sur ce, à très vite, en espérant qu'en marchant, vous ne glisserez pas dans un excrément! Bises!
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